L'homme à la carrure d'ours (F. Pavloff)

Publié le par Mira

Un univers dévasté

Dans un coin du Grand Nord (celui qui est à l'Est !) rayé des cartes, vivent des communautés qui rêvent de s'échapper. Depuis que la Zone a été irradiée et coupée du monde, chacune, à sa manière, prépare sa fuite dans un futur qui ne devient jamais présent, refaisant chaque jour les mêmes gestes sans jamais dépasser le cap des préparatifs.

 

Dans cet univers gris, sale, aux confins de la mort, deux personnages semblent vivants. Kolya, le dernier descendant des lapons, qui taille l'ivoire pour le rendre à la terre, et Lyouba, la seule femme née dans la Zone, la seule encore capable de donner la vie, femme sacrifiée sur l'autel de la bêtise des bêtes enfermées dans la Zone.  

Ces personnages se croisent, au gré de leurs pérégrinations, car ils sont les deux seuls qui ne restent pas incrustés dans leur container, leur isba ou toute autre habitation misérable. Lui est vieux et connait la vie (que lui ont enseignée ses ancêtres), elle est jeune et la découvre à peine.

L'homme à la carrure d'ours (F. Pavloff)

Une lumière dans cet univers

 

Plus le récit avance, plus il nous emmène vers la lumière. Il est vrai qu'au début, je me suis demandé si quelque chose pouvait sortir de cette ambiance grise, où chacun se réctracte sur son petit lopin de boue, dans sa communauté mesquine, où les haines se compactent pour exploser. Or, Lyouba porte en elle la lumière, le goût de la vie et l'envie d'avancer, de repousser les limites que tous ces prisonniers consentants s'imposent.

 

Lumineux est aussi le style de Frank Pavloff. De lui, je n'avais lu que Matin brun, que j'ai trouvé intéressant, percutant, mais qui ne m'a jamais frappée par sa qualité littéraire. J'ai donc découvert une plume époustouflante : images et sensations très fortes, tout ce que j'aime !

J'ai lu ce roman dans le cadre du Challenge 2015 chez Nathalie : un livre qui se passe dans un pays différent (différent du mien, mais surtout différent de ce que cette région est réellement, une Russie en pire - uchronique ?).

 

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