La maladroite (A. Seurat)
Une histoire bouleversante
Quand l'institutrice découvre la photo sur l'avis de recherche, c'est le choc : elle reconnait Diana, cette ancienne élève dont elle a perdu la trace. D'emblée, elle le sait, elle le sent, Diana n'a pas disparu. En tout cas, elle n'a pas été enlevée, car elle a bien disparu. Du jour au lendemain, elle a changé d'école. Pourquoi ? Parce que l'institutrice n'admettait pas que les coups observés sur la petite fille était dûs à la maladresse de l'enfant et à une mystérieuse maladie. L'institutrice est la première d'une longue série d'adultes qui essayeront de démasquer les parents de la petite, deux être manipulateurs qui font face aux questions et aux insinuations avec un sang froid exceptionnel.
Une narration particulière
Seurat nous raconte cette histoire par bribes, portée par la voix de différents narrateurs. Il y a des membres de sa famille (la grand-mère, la tante ...) et tous les adultes que Diana rencontre dans le cadre scolaire (l'institutrice, la directrice, le médecin scolaire, ...). Tous apportent leur regard singulier, tous ont en commun une préoccupation particulière pour Diana, un sentiment de malaise face à cette enfant calme, qui ne se plaint jamais, même quand son corps est meurtri, brûlé, même quand elle s'est absentée de l'école pendant une longue période, ...
Cette narration offre un regard très distancié par rapport à l'histoire. C'est heureux pour le lecteur, car l'histoire est si bouleversante qu'il se laisse toucher malgré la distance. Si l'auteur avait tenté une plume plus "sensationnaliste" (compatissante), le lecteur n'y survivrait pas !
Tout petit bémol, les voix des narrateurs alternent parfois dans ce qui ressemble plus à un dialogue qu'à une narration partagée. C'est le seul petit point faible dans l'écriture magnifique de ce roman.
